Axe 4 : Les routines de mobilité et leurs adaptations (voyageurs et marchandises)


La transition écologique et le changement climatique s’accompagnent d’enjeux majeurs pour la mobilité des personnes et des biens en Europe qui supposent l’articulation de politiques publiques sectorielles à différentes échelles. Ces politiques portent notamment sur la promotion de transports propres, le déploiement d'innovations technologiques dont le numérique, l'optimisation des offres de services, l'encouragement au report modal. Elles passent aussi par la mise en place de projets de territoires et d’organisations de services de transports (de personnes et de logistique) permettant de réduire les mobilités ou leurs externalités négatives.

Cet axe de recherche a pour objectif de mieux comprendre les comportements / pratiques de mobilités routinières, de mesurer les aptitudes au changement des individus et des entreprises des chaines logistiques, afin d’être en mesure de susciter et d'accompagner ces changements. Les questions de recherche interrogent les ressorts des dynamiques d’évolution des comportements de mobilité des personnes et des pratiques logistiques des entreprises, et éclairent leurs conséquences.

1. Questions de recherche

L’axe 4 cible la connaissance et la compréhension des routines de mobilité et de leur modification par des facteurs de perturbation et de transition. Ces travaux sont générateurs d’une connaissance singulière. Ils s’inscrivent en forte complémentarité avec les recherches sur les mobilités en situation « nominale », en intégrant la dimension des interactions entre espaces, en s'intéressant à toute nature d'échelle et en mobilisant des approches pluridisciplinaires. Nous faisons l'hypothèse que la transition écologique et le changement climatique génèrent un ensemble d’évolutions qui sont autant de perturbations et de transitions, sources de modification des routines de mobilité, et à l'origine de l'apparition de vulnérabilités et d’opportunités pour lesquelles les acteurs ont à agir pour en réduire ou pour en faciliter les effets, tout en veillant à la résilience du système des mobilités. Des questions d’ordre temporel, socio-économique, spatial et institutionnel structurent cette démarche.

L’organisation de cet axe de recherche repose sur deux questions structurantes :

Comprendre l'organisation des routines

Approfondir le concept de routine, dans toutes ses dimensions, en s'appuyant sur des approches croisant les disciplines des sciences humaines et sociales permettant de comprendre les processus décisionnels sous-jacents aux préférences modales, les déterminants des habitudes de déplacement conscientes ou non, et les arbitrages effectués par les acteurs en fonction de leurs besoins, contraintes et préférences.

Comprendre les changements de comportements / pratiques en situation perturbée et les stratégies d'adaptation à plus long terme

Analyser les répercussions des situations perturbées sur les routines de mobilité dans une démarche d'évaluation, que ces effets résultent d'évènements imprévus, de dysfonctionnements chroniques, d’innovations technologiques ou organisationnelles, de stratégies privées telles que la mobilité résidentielle ou la relocalisation des firmes, ou de la mise en œuvre de politiques publiques. Cette évaluation s'intéresse aux effets immédiats et à plus long terme des perturbations.

2. Approches mobilisées, verrous scientifiques

L’axe 4 entend :

  • s'appuyer sur le développement de méthodes d’observation a) pour saisir les pratiques d'adaptation des acteurs en situations perturbées, b) mieux cadrées sur les territoires d'analyse, les types de mobilité, de services et d’organisations logistiques visées ;
  • tester dans quelles mesures les nouveaux dispositifs de recueil de données s'appuyant sur les technologies de l'information peuvent être mobilisés (GPS, enquêtes web ou smartphone).
  • recourir davantage aux méthodes qualitatives et à leur combinaison avec les enquêtes quantitatives permettant de dépasser le stade de la seule observation des routines.
  • Le premier verrou scientifique repose sur la mise à disposition de données pouvant relever du secret commercial, et sur la mise en place d'enquêtes spécifiques dans le domaine des marchandises et des voyageurs, en lien avec l'implication d'acteurs privés. Le second défi scientifique sera de mettre la meilleure compréhension des situations perturbées de mobilité au profit d’une amélioration des possibilités de transition vers une mobilité plus durable : moins consommatrice d’un point de vue énergétique ; moins carbonée du point de vue de son bilan global, mais aussi moins nécessaire du point de vue de son utilité.

3. Résultats attendus

  • Faciliter l’action publique et contribuer à son évaluation par une meilleure connaissance des déterminants des choix individuels (cas des voyageurs) et entrepreneuriaux (cas du fret), et de leurs conséquences.
  •  Associer en amont, dans une démarche partenariale de long terme, les territoires et les entreprises dans une logique relevant de la recherche-actions.
  • Contribuer à une connaissance nouvelle sur les mobilités, les méthodes et dispositifs de recueil de données adaptés à certains types de territoires, populations, situations, services, organisations logistiques, etc