Axe 3 : Les pratiques de l’aménagement et les réseaux à l’épreuve des risques

Les crises et les incertitudes actuelles peuvent induire des ruptures, des mutations mais aussi de nouvelles opportunités pour les pratiques d’aménagement et les processus de décision, en particulier pour anticiper les différentes phases de la gestion des risques (prévention, crise, reconstruction). Dans ce contexte, l’axe 3 étudie, les évolutions des pratiques mises en œuvre par les acteurs publics, privés, associatifs, les élus et les habitants. Elles sont envisagées dans un large spectre (risques naturels, risques impactant les mobilités des personnes et les « supply chains », et risques projets).

Les objets de recherche concernent les projets d’aménagement et les réseaux. Les projets d’aménagement étudiés peuvent être des infrastructures, des projets multifonctionnels, des équipements collectifs. Les réseaux sont envisagés sous l’angle des infrastructures, des services et du réseau de commande (en analysant en particulier les réseaux de transport et de logistique).

1. Questions de recherche

L’axe 3 répond au manque de recherche sur les pratiques de l’aménagement et sur les réseaux à l’épreuve des risques, en prenant en compte de façon inédite, autant les risques induits par les projets d’infrastructures et d’équipements que la gestion des risques par les acteurs des réseaux et des services logistiques et de transport. Plusieurs questions de recherche fondent les travaux de cet axe.

Les risques naturels et la reconstruction post-catastrophe

Souvent, la reconstruction en situation d’urgence, ne laisse pas le temps à l’élaboration d’un projet de reconstruction territorial plus résilient. Cependant la période « post-catastrophe » semble disposer d'éléments favorables à une mise en œuvre opérationnelle d’actions visant à atteindre à terme une meilleure résilience territoriale. Cette période clé devrait ainsi prendre toute sa place dans l’aménagement territorial, et être mise à profit pour mieux faire face à de futurs événements et éviter de déboucher comme souvent sur une reconstruction à l’identique. La phase de reconstruction post-catastrophe reste pourtant peu étudiée (travaux scientifiques, retours d'expériences sur le processus de reconstruction) et mal encadrée (doctrine technique, cadre législatif). Une analyse des stratégies de gestion de reconstruction post-catastrophe devrait permettre de mieux comprendre les freins et leviers pour « mieux reconstruire ».

Les risques projets et opportunités

Les risques projets concernent des risques classiques de management de projet (financier, retard,…) mais aussi des risques peu étudiés comme le risque du projet pour l’environnement, le risque de recours ou de changement de réglementation pour le projet d’aménagement, d’urbanisme ou d’infrastructure. La recherche consiste à formaliser les risques pour différents projets en Europe, à analyser le processus d’identification, de construction, de négociation mais aussi de maîtrise et d’instrumentalisation de ces risques par tous les acteurs (élus, associations, maîtrise d’ouvrage publique et privée, Etat, habitants, etc.). Les opportunités sont également étudiées, comme la formulation de nouvelles options ou de nouvelles stratégies (patrimonialisation, densification, régénération urbaine) dans un contexte à la fois néolibéral et de protection de l’environnement. La formalisation de ces nouvelles pratiques est basée sur une approche comparative et globale et permet de discuter les théories de la planification.

Les perceptions et représentations du risque

La perception du risque relève d’une variable qui diffère selon les individus pour une situation donnée. Il s’agit ici d’analyser comment des enjeux de territoire (environnementaux, sociaux, économiques, etc.) révélés par un projet d’infrastructure de transport ou d’aménagement peuvent être perçus, et de comprendre les conséquences de ces risques construits : 1) pour le processus de décision, 2) pour le projet, qui peut être modifié, et 3) pour la gestion de projet.

La Gestion du risque

La mise en pratique de la gestion du risque passe nécessairement par une coordination entre les individus et les organisations. Mais comment se coordonner entre acteurs aux intérêts non nécessairement convergents, dans le contexte d’incertitude inhérent à la crise et plus largement à la gestion des risques en réponse, nous pouvons concevoir des scénarios stratégiques afin d’évaluer les conséquences territoriales, sociales, et environnementales pour mieux gérer des situations à risques.

L’originalité de l’approche réside dans l’absence de recherches sur ces thématiques. Les risques projet liés aux opérations d’aménagement sont peu étudiés par la littérature internationale en géographie, économie ou aménagement. La géographie traite en particulier des risques technologiques et naturels. L’économie a en particulier travaillé sur l’allocation des risques entre partenaires des contrats. La littérature en économie et en sciences de gestion indique que les acteurs doivent se coordonner en période de crise mais en précise peu les modalités organisationnelles.

2. Approches mobilisées, verrous scientifiques

Il s’agit d’approfondir la connaissance sur les concepts d’opportunité, de risque et d’incertitude en les resituant dans la perspective plus large des stratégies d’aménagement et d’urbanisme, en lien avec des infrastructures de transport, des acteurs publics et privés. Ces stratégies peuvent concerner l’environnement, le développement économique, le développement urbain, les questions sociales, la patrimonialisation, etc.

La phase de reconstruction post-catastrophe pose, quant à elle, des verrous scientifiques particuliers liés à l’accès à la donnée avant-après à la fois celle de la matérialisation de l’aménagement dans l’espace et celle de la stratégie de l’aménagement.

Enfin, révéler les modalités de coordinations des acteurs avant, pendant et après les crises, supposent de pouvoir appréhender leurs schémas de pensée, souvent sous-jacents et non exprimés.

3. Les résultats attendus

Les résultats attendus portent en particulier sur la formalisation de pratiques innovantes en matière de coordination des acteurs, d’anticipation, de retour d’expérience, mais aussi d’analyse, de construction, de négociation du risque ou encore de dégagement de nouvelles opportunités.

Ils peuvent permettre de discuter les théories de planification de l’aménagement et de l’urbanisme (stratégique, flexible, collaborative). Ils visent aussi à donner un éclairage nouveau sur les modalités de coordination en période de crise, notamment dans le management de la supply chain (Supply Chain Risk Management).

Une aide à la décision pour des acteurs publics peut être apportée.